Maifreda, auteur de litanies et de prières, prophétise la seconde venue de Guiglelma et la fin de la papauté traditionnelle. Elle-même deviendra papesse et s'emploie, à cette fin, à former un collège cardinalice exclusivement composé de femmes. Elle accorde sa bénédiction, célèbre la messe, consacre l'hostie, donne la communion aux fidèles, somptueusement vêtus. Le soutien accordé par nombre de riches Milanais, dont les Visconti eux-mêmes, explique, selon toute vraisemblance, les lenteurs et les hésitations de l'Inquisition.

Celle-ci s'est inquiétée des guillelmites en 1284, mais pour se contenter d'une simple admonestation. Les enquêtes de 1295 et de 1296 demeurent sans suite. Mais comme Maifreda ranime le danger millénariste en annonçant la venue du Saint-Esprit pour la Pentecôte de 1300,l'Église se décide à intervenir contre le foyer d'agitation. Parmi les guillelmites arrêtés, quatre ou cinq sont condamnés comme relapses.

Le 23 août 1300, sœur Giaccoba dei Bassani monte sur le bûcher. En septembre, c'est le tour d'Andrea Saramita et de Maifreda. Des peines légères frappent les autres. La dépouille de Guiglelma est alors exhumée et brûlée.

Ainsi prend fin un schisme qui opposait à l'Église patriarcale la volonté de fonder une Église féminine et de prêter à l'espérance millénariste une constitution gynécratique. L'église féminine et le salut par les femmes devront encore attendre ...