L'alchimie
Il est difficile de chercher à donner une définition de l'alchimie en peu de mots, tellement son champ d'investigation est vaste. Souvent présentée comme une vague fumisterie, l'alchimie recouvre plusieurs disciplines dont la principale s'apparente à la métallurgie et à la chimie expérimentale, une sorte de protochimie.
Même si l'alchimie nous semble aujourd'hui peu sérieuse, n'oublions pas qu'elle fut une discipline qui naquit à la même époque que la philosophie, vers le VIème siècle vant J.-C., et qu'elle fut étudiée par tous les grands esprits jusqu'à ce que Lavoisier ne la condamne définitivement. N'oublions pas non plus que beaucoup de techniques contemporaines de chimie expérimentale, comme la distillation, ont été mises au point par des alchimistes, et que leur vocabulaire perdure encore dans certaines opérations. C'est le cas des mots comme précipitation, réduction, combustion, amalgame...
Une image d'Epinal fait que l'on imagine l'alchimie apparue au moyen-âge, avec sa mythologie, sa pierre philosophale, son élixir de vie éternelle et l'établi crasseux où traînent quelques cornues et autres grimoires antiques. Mais l'alchimie vient de l'antiquité. Comme toutes les bases de la science, elle nous fut amenée, à la chute de l'empire arabe, par les écrits des grands savants arabes, entre le Xème et le XIIème siècle.
L'alchimie est née de la surprise de voir sortir du sol puis des premiers fourneaux, des métaux, ces nouveaux matériaux résistants, froids, brillants. L'homme impressionné par cette découverte qui va modifier son histoire et perfectionner sa technologie, ne sut répondre à cette nouveauté autrement qu'en créant de toutes pièces une mythologie de la métallurgie comme il l'avait fait pour l'homme avec les religions. Fabuleux mélange savamment dosé de techniques expérimentales et de vocabulaire magique, l'alchimie va apparaître dans toutes les grandes civilisations du monde, comme une "religion métallurgique".