l'herbe aux cent goûts

La plante se reconnaît surtout à ses feuilles finement découpées qui, balayées par le vent, découvrent en même temps leurs deux faces : vert sombre dessus, blanc argenté dessous.

La forte tige centrale, haute de 50 cm à 1.50 m, ramifiée, porte de juin à octobre des grappes de minuscules fleurs jaunes pâle argent, très nombreuses. Les feuilles froissées dégagent une odeur fortement aromatique.

Armoise vulgaire, Artemisia vulgaris, Linné, Famille des Astéracées

        L'herbe aux cent goûts vit très tôt reconnus ses pouvoirs admirables.

Dès 1490, un traité consacré aux plantes lui rend cet hommage : " La vertu de larmoyse, Cy commence la force et la vertu des herbes, Et pource diray premièrement de larmoise laquelle est bonne herbe. " (Cité par R. Devigne)
 

L'armoise ne devrait pas manquer dans aucun bouquet des herbes de la Saint Jean, dont faisaient également partie l'herbe aux mille trous, le verbénaire, l'ortie, le pied de chat, la reine des près ainsi qu'une dizaine d'autres.

Cueillies juste avant l'aube, au matin du solstice d'été, à cet instant magique ou la lune s'est déjà couchée et ou le soleil n'est pas encore levé, ces herbes étaient chargées d'influences spécifiques qui perduraient toute l'année.

Présentées en couronnes ou en guirlandes, comme l'usage se perpétue encore actuellement avec les récoltes de fin d'été, ces herbes étaient bénies dans les anciennes églises de village lors d'une messe de la Saint Jean.

Le réconfort des voyageurs
        Au XIIIe siècle déjà, les voyageurs recouraient à un charme à l'herbe aux cent goûts.

Pour marcher sans fatigue, ils tenaient à la main un brin d'armoise et s'en faisaient une ceinture tout en marchant (d'ou l'autre nom de cette herbe, ceinture de Saint Jean).

En fin d'étape, un bain de pieds préparé avec une décoction de cette plante leur redonnait une nouvelle vigueur pour la poursuite de leur voyage.

Le remède des " estomacs froids "
        Mais le nom d'herbe aux cent goûts, vient encore de plus loin. En effet, c'est sainte Hildegarde, au XIIe siècle, qui recommande de la cuire comme légume ; mangée de la sorte, " elle soigne les intestins malades et réchauffe un estomac froid. 

Cuire de l'armoise soit avec de la viande soit avec de la graisse (à la façon des épinards), ou dans une autre préparation. Elle enlève et fait disparaître toute la pourriture accumulée à cause des aliments et des boissons pris auparavant. "

L'herbe de toutes les vertus
        L'armoise possède, en fait, toutes les vertus : " Celui qui a soin d'avoir toujours sur lui de cette herbe ne craint point les mauvais esprits, ni le poison, ni l'eau, ni le feu, et rien ne peut lui nuire. De plus, si on en tient dans sa maison, le tonnerre ne tombera point dessus, ni aucun air venimeux ne l'infectera, pourvu qu'on la mette à l'entrée. " (Grand Albert)



31/01/2006
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