La drabarni

 Les gadjo l’appelleraient jeteuse de sorts ou sorcière, mais au sens littéral, Drabarni signifie « la petite mère aux herbes », le mot "drab" signifie « plante médicinale ».

 C’est généralement une femme simple, voilée, ce qui rappelle que fut un temps où aucune femme tzigane mariée n'aurait montré ses cheveux en publique afin qu’aucune homme, autre que son époux ou son jeune fils. La Drabarni est habituellement jeune, en parfaite communion avec Mère Nature. Elle connaît les traditions Roms, elle excelle dans la lecture du "pâtrin" –c’est un code secret des Itinérants se faisant à partir de cailloux, petits bâtons et feuilles (le mot "pâtrin" signifie "feuille") - et la confection de breuvages, décoctions, tisanes, thés, pour stimuler ou calmer, faire tomber la fièvre ou brûler les déchets organiques (la fièvre est une des maladies de prédilection des Roms, ils vont rarement au-delà).

 La Drabarni est à la fois « femme sage » et « sage-femme ». Elle puise sa force dans la Tradition et les "sorts" qu'elle jette ou administre sont généralement positifs ou en apparence négatifs, mais toujours liés à la Nature ; elle a étudié les plantes et la nature humaine depuis son plus jeune âge (surtout dans le cas d’une transmission héréditaire), mais comme la nature, elle n'a jamais ni colère ni passion, elle ne fait que rajuster l'équilibre.

 Dans certaines familles (résidant en Roumanie, particulièrement) le mot de drabarni a la connotation de sorcière. Pourtant, la plupart des mélopées chantées en Roumanie commencent par l'invocation " o foaie verde" (o feuille verte" sous entendu : guéris moi (de ma tristesse, mélancolie, ivresse, maladie, solitude, etc.). Elle est la détentrice des vertus herboristes. Bien sûr, il lui est possible de pratiquer la divination, d'agir sur les rêves, de passer le vent qui notons le, est un élément de la Nature et fait donc parti intégrante de son peuple.

 Mais elle a aussi le pouvoir de laisser parler le Del (le Del est notre entité, ce qu'on nomme généralement Dieu) par son corps, d'unir et désunir les couples, d'unir les nouvelles vies à la Nature.

 C'est aussi celle qui protège le clan et les traditions, mais elle ne peut transiger aux ordres du chef de clan. Cependant généralement, elle se refuse à faire le mal, car sa fonction ne peut outrepasser la toute puissance du Del (Dieu), sauf impossibilité, elle trouvera presque toujours un sort palliatif pour obéir sans pour autant faire trop de mal, en utilisant la peur par exemple (mais comme chacun sait ont peut aussi mourir de peur). Bien entendu, la magie de la drabarni aura la couleur de son âme et du respect qu'elle aura pour elle-même et les autres.

 La drabarni a ses secrets, généralement transmis de bouche à oreille, ou par l'exemple familial tout simplement, c'est celle qui manifeste l'alliance des Tsiganes, Manouches, ou quel que soit le nom qu'on veut bien leur donner, avec la Nature. Celle à qui l'on fait confiance pleine et entière, pour les écorchures bénignes ou les profondes misères.

 Le rapport entre les Roms et la nature est très puissant, le Rom n'est rien sans la Baro Than (la Terre Mère). Comme dans d'autres magies, la Drabarni exécute des rituels pour s'allier, je dirais même s'unir avec les quatre éléments (L'eau, la Terre, l'Air et le Feu) et il existe aussi un rituel pour s'unir avec la Nature.

 Lorsqu'une Drabarni meurt, on dit qu'elle avait trop "pris le mal" de ses amis et parents. "Elle en avait trop pris", mais c'était là le cœur même de sa vie. Généralement, la Drabarni connaît le moment où elle va quitter sa vie terrestre et choisie avant de retourner vers les étoiles une personne digne de confiance pour lui transmettre son savoir.

 Après certains soins, notamment pour des maladies graves, il peut lui falloir plusieurs jours pour s'en remettre. Elle se sentira comme vidée de ses forces, un point de fatigue un peu comme si elle n'avait pas dormi pendant plusieurs jours.

 Les soins apportés sont efficaces parce qu'il y a un échange d'énergie entre le malade et la drabarni. Mais l'énergie est présente dans chaque acte, la cueillette, le séchage des plantes et la confection, même des potions, tisanes ou autres charmes, la force vient d’une totale adéquation avec l'univers et le Del.

 C'est une alchimie indispensable dans la pratique. La nature est son alliée, plus encore elle la considéra comme son amie, une partie d’elle même comme elle qui est une partie de cette Nature-Univers.

 Dans ce genre de pratique, il est certain qu'une partie du "mal" est absorbée par le soignant, comme nous l'avons appris à l'école rien ne se perd, tout se transforme. Ce n'est donc pas tout le mal ou la maladie que nous absorbons, je dirais plutôt que c'est une forme d'énergie plus ou moins malsaine que l'on échange avec notre énergie bénéfique. Et c'est sans doute ce transfère d'énergie qui l’use le plus.

 Ce qui protège la Drabarni est sa foi. La confiance qu’elle place dans le Del et les prières qu’elle peut lui adresser. En dehors de cela, il y plusieurs petites choses qui peuvent être faite pour se décharger, tout au moins en partie du mal qui est absorbé.

 Lorsqu’une Drabarni ressent que la charge d'énergie négative absorbée est trop importante, elle s'isole du reste du clan, car c'est une opération qu’elle ne peut faire que seule avec le Del. Évidemment, c’est dans la Nature qu’elle choisit de s'isoler, sans doute parce que c'est là qu’elle se sent le plus proche de son Dieu. Dans une petite tente ou une cabane elle fait quelques bouquets d'herbes qu’elle fait brûler (lors de la mise à feu elle récite le rituel d'alliance à l'élément feu) et dont elle respire les effluves tout en méditant et en priant. Elle psalmodie aussi un rituel d'alliance à la nature. En fonction de l'intensité de l'énergie "mauvaise" qu’elle a absorbé c'est un rituel qui peut durer plusieurs heures voire plusieurs jours.

 Lorsque tous les bouquets sont consumés, elle en récoltera les cendres qu’elle prends soin de partager en trois parts égales qui sont chacune destinées aux autres éléments, Terre, Air et Eau, avec à chaque fois le rituel qui leur est destiné.

 C'est une façon de renvoyer à l'univers ce qu’elle lui a retiré (d'une certaine manière) et de le retirer d’elle. Au Del ensuite de juger ce qu'il devra en faire.

 Il est impossible pour une Drabarni de pratiquer lorsqu’elle n’est pas en accord total avec l'univers et le Del. Les sentiments tels que la colère ou la tristesse, ou encore notre état physique (si on est malade par exemple) lui interdisent de pratiquer.

 Dans toutes les opérations de protection, de soins et certains charmes, elle utilise des supports matériels (brindille, ficelle, caillou, fil, ruban, image, etc.). Le Rituel les rend magiques, donc puissants et dangereux. La drabarni considère très important de conserver ces supports naturels transmutés à l'abri de tout contact extérieur et en devient en quelques sortes la gardienne.

 Certaines utilisent des coffrets de bois ou des sacs ordinaires. D'autres préfèrent les serrer dans un grand foulard ou un drap dans le nœud à trois pointes qui reste encore secret.



15/05/2006
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