Le filon du satanisme
Dès la nuit des temps, et surtout à partir du Moyen Âge, des hommes et des femmes ont secrètement vénéré Satan, quitte à finir brûlés en place publique ! Le culte de Lucifer, vieux comme le monde, n'est donc pas un phénomène récent.
Ce qui est nouveau, en revanche, c'est que cette " anti-religion " s'affiche maintenant comme une mode, une référence qui donne l'air " branché ". Elle est donc devenue depuis quelques années un juteux fonds de commerce...
Un seul exemple : la veuve d'Anton La Vey auteur d'une bible démoniaque qui fit sa fortune aux États-Unis dans les années 1970, a repris en main les affaires florissantes de son époux... Aujourd'hui considérée comme la grande papesse du satanisme, elle gère désormais en vraie femme d'affaires, la très prospère Église de Satan laquelle propose tout un tas de services clés en mains aux suppôts du diable, des messes noires aux funérailles à grand apparat, avec blasphèmes à volonté, sacrifices d'animaux et sensations fortes garanties! À la ville, la veuve La Vey est pourtant une dame tout ce qu'il y a de plus conformiste. Ses brushings sont impeccables et ses tailleurs pastel, très bcbg. Pas de scarifications, de teint livide ni de fards violets chez cette grand-mère de la bonne société américaine, qui démontre une façon de vivre des plus conservatrices, un goût et un respect certains pour le traditionnel.
S'il y a visiblement ici tromperie sur la marchandise, le business dans ce cadre précis ne semble pas trop porter à conséquence... Tant qu'on parle de recherche vestimentaire, de musique, de, cinéma ou de littérature, bref, d'une " tendance" qui plaît follement et rapporte beaucoup, on n'a d'ailleurs rien à dire sur le fond. Bien des jeunes gens, y compris en France, l'ont déjà adoptée.
Ils s'habillent exclusivement en noir, se maquillent en violet, n'écoutent que du rock satanique, type Darkness Enhrud ou Marylin Manson, ne lisent que BD et fanzines démoniaques... Tout le monde aime jouer à se faire peur, il n'y a rien de bien méchant à cela, et cultiver le goût de la provocation est quelque chose d'assez normal, à leur âge. On peut toujours se dire, pour se consoler, que la recherche du grand frisson, si elle n'est qu'une question de " marque ", leur passera aussi vite que leur envie de se payer des Nike...
(Source : Extrait de : " Sectes, gourous, etc. " Dominique Biton, Albin Michel, avril 2003)