Les écorces de l’âme
« Les kabbalistes comparent l'esprit à une substance qui reste fluide dans le milieu divin et sous l'influence de la lumière essentielle, mais dont l'extérieur se durcit comme une cire exposée à l'air dans les régions plus froides du raisonnement ou des formes visibles.
Ces écorces ou enveloppes pétrifiées (nous dirions mieux « carnifiées », si le mot était français) sont la cause des erreurs ou du mal, qui tient à la pesanteur et à la dureté des enveloppes animiques.
Dans le livre de Zohar et dans celui des révolutions des âmes, les esprits pervers ou mauvais démons, ne sont pas appelés autrement que les écorces, cortices.
Les écorces du monde des esprits sont transparentes, celles du monde matériel sont opaques ; les corps ne sont que des écorces temporaires et dont les âmes doivent être délivrées ; mais ceux qui obéissent au corps en cette vie se font un corps intérieur ou une écorce fluidique qui devient leur prison et leur supplice après la mort, jusqu'au moment où ils parviennent à la fondre dans la chaleur de la lumière divine, où leur pesanteur les empêche de monter ; ils n'y arrivent qu'avec des efforts infinis et le secours des justes qui leur tendent la main, et pendant tout ce temps ils sont dévorés par l'activité intérieure de l'esprit captif comme dans une fournaise ardente. »
Eliphas Lévi, Dogme de Haute Magie