Les rêves selon les Mages
De nombreux mages prétendaient que les dieux pouvaient faire connaître leurs intentions aux hommes et aux femmes encore plus directement, en intervenant dans leurs rêves. L'orniromancie, ou divination par les songes, était déjà pratiquée en Égypte du temps des premiers pharaons. On a retrouvé des papyrus, écrits par des oniromanciens au Moyen Empire à l'usage de leurs disciples, où sont indiquées quelques interprétations de rêves, sorte de clef des songes : "Si un homme se voit en rêve regarder un serpent, c'est bon, cela signifie abondance. Mais s'il voit son lit en feu, c'est très mauvais; ce cauchemar veut dire que sa femme sera violée." La plupart des devins et de leurs adeptes croyaient qu'il était possible de susciter des rêves révélateurs : il suffisait de se trouver dans un endroit approprié. Les Grecs qui se rendaient à Delphes pour consulter l'oracle séjournaient plusieurs nuits auprès du temple afin de recevoir les messages des dieux, en songe, pendant leur sommeil. Le culte d'Asclépios, le dieu grec de la médecine, était basé sur l'inculcation onirique, un procédé qui permettait, paraît-il, de provoquer des rêves orientés : les malades faisaient un pèlerinage à Épidaure, en Argolie, où était élevé un temple à Asclépios : ils espéraient ainsi que le dieu indiquerait pendant leur sommeil le remède adapté à leurs maux. Les Grecs distinguaient les rêves fantaisistes, simples leurres introduits dans l'esprit des dormeurs par les dieux qui voulaient s'amuser, des rêves prémonitoires qui étaient des fenêtres ouvertes sur la réalité future. Deux portes, disaient les sages, conduisaient du monde des ombres à l'esprit du rêveur : une porte d'ivoire, ne laissant passer que les chimères, et une porte de corne où s'engouffraient les images des événements qui ne s'étaient pas encore produits. C'est par cette seconde porte que des visions de l'avenir pouvait nous être parvenues. Ailleurs, on croyait que les rêves représentaient le contraire de ce qui allait se produire. Aux Indes, on a retrouvé un vieux traité d'oniromancie qui recommandait d'interpréter les songes à l'envers. Par exemple, si vous rêviez qu'on vous écrasait les membres ou les parties génitales, c'était un signe de bonne fortune : à l'inverse si vous vous voyiez en train de jouer avec une fleur de lotus, cela signifiait que vous seriez amputé d'un bras ou d'une jambe. Un homme rêvant qu'il était attaché par une chaîne de fer pouvait êtres certain d'épouser une vierge. Le traité précisait que les rêves apparaissant les premiers pendant le sommeil se réalisaient en dernier : par contre, ceux qui vous visitaient peu avant le réveil annonçaient des évènements imminents ou qui étaient en train de se produire. De toutes les techniques divinatoires, nulle n'était plus sûre, plus effrayante aussi, que la nécromancie. Elle consistait à surprendre les secrets du passé et du futur en interrogeant les morts. Les mages qui la pratiquaient étaient tout à la fois fort recherchés et très redoutés. Leur méthode aboutissait à des résultats remarquables mais elle n'était pas sans danger et il ne fallait l'employer qu'en dernier recours. L'un des plus anciens témoignages de sa réussite se trouve dans la Bible (Samuel XXVIII). Craignant d'être vaincu par les Philistins, Saül s'adressa à la pythonisse d'Endor; la sorcière fit apparaître l'ombre du prophète Samuel, qui annonça la mort de Säul et la déroute de l'armée d'Israël. "Saül fut bouleversé et il tomba à terre de tout son long."