Les romantiques séduits
C'est au XIXe siècle que remonte l'attirance pour l'univers des sorcières. Les historiens, d'abord, commencent à les présenter sous un angle positif. Les sorcières des campagnes seraient des rebelles à l'ordre établi, ainsi que les dépositaires de secrets mis à l'Index par l'Eglise.
Pour le républicain Michelet ( La Sorcière , 1862), le sabbat n'est autre qu'une farce menée contre les autorités laïques et ecclésiastiques. Dans The Witch Cult in Western Europe (« Le culte de la sorcière en Europe de l'Ouest », 1921), Margaret Murray réinterprète ces thèmes et affirme que le sabbat est la célébration d'un culte ancien de la fertilité transmis de génération en génération par des opposants à l'Eglise.
Vers la fin du XIXe siècle, on assiste en parallèle à une tentative de « dédiabolisation » du diable par des auteurs proches du mouvement romantique. Satan devient fréquentable. Les ouvrages ésotériques d'Eliphas Lévi (Alphonse-Louis Constant de son vrai nom) exercent une fascination toute particulière sur le monde littéraire (Baudelaire, Théophile Gautier, Victor Hugo, Villiers de L'Isle-Adam...).
Ancien diacre de la paroisse Saint-Sulpice, à Paris, Lévi tente d'établir, dans son Dogme et Rituel de la haute magie (1854-1856), une synthèse des approches magiques occidentales avec la kabbale et le tarot. Il s'y déclare le dépositaire de la « science du Bien et du Mal » et prétend que « lorsqu'on appelle le diable avec les cérémonies voulues, le diable vient et on le voit ». Lévi est encore lu de nos jours.