Marie
La Vierge Marie joue un rôle d'une importance majeure dans les miracles alors qu'elle est mentionnée d'une manière assez discrète dans le nouveau testament. S'adressant à elle, il arrive à Jésus de l'appeler simplement "femme", ce qui, sans être aussi irrespectueux qu'on pourrait le croire, témoigne d'un certain détachement. Aux noces de Cana, Jésus lui dit à peu près cette phrase (qui a sûrement mis plus d'un exégète dans l'embarras) : "Femme, qui y a-t-il de toi à moi ? " Il ne serait peut-être pas trop audacieux de considérer que la Vierge est parfois -et pour diverses raisons- la cause d'une gêne pour l'Eglise. Le dogme marial est le produit d'une élaboration qui s'est poursuivit pendant près de vingt siècles, constituant une sorte de "divinisation progressive". La piété dont Marie est l'objet s'est donc considérablement amplifiée avec le temps, au point de contraindre l'Eglise à lui attribuer un culte particulier (hyperdulie) qui la situe bien au dessus des saints dans la hiérarchie céleste. Dans son histoire du culte de la Vierge, parue en 1861, André Hamon, curé de Saint-Sulpice à Paris, semble s'étonner de cet engouement : "Il est en France, depuis trente ans environ, un fait religieux singulièrement remarquable ; c'est un élan inaccoutumé des âmes vers le culte et l'amour de la sainte Vierge : les enfants de la foi aiment à se revêtir de ses livrées, à porter ses médailles, à décorer ses autels, à lui élever des statues, à visiter en pieux pèlerins ses sanctuaires, à célébrer ses fêtes avec pompe et à faire de tout le mois de mai en particulier comme une série de solennités en son honneur." Plus loin, cet auteur nous donne peut-être la clé de cette "surabondance de foi" : "(Marie est) une mère essentiellement bonne, dont l'unique mission est d'être miséricordieuse. Nous devons craindre son Fils parce qu'il est notre juge; mais Marie, nous devons l'aimer sans la craindre, parce qu'elle n'est que mère, chargée d'aimer et non de punir, de prendre en pitié notre misère, notre malice même, et de guérir ceux qui veulent se laisser guérir."
Le titre de "Vierge Marie" est en lui-même assez insolite puisqu'il semble accorder un prix inestimable à la virginité (l'apôtre Paul n'a pas écrit que le Christ était né d'une vierge mais d'une jeune femme).
Marie n'apparaît la plupart du temps que dans les sociétés où elle est connue mais il y a de curieuses exceptions (nous en verrons une plus loin). De nos jours encore, il y a des sociétés qui croient en des vierges accouchant d'enfants qui ne sont pas des humains ordinaires (par exemple aux Antilles).
L'idée d'une vierge donnant naissance à une divinité n'était pas originale dans le milieu où furent rédigés les évangiles : la mythologie grecque avait connu la vertueuse Alcmène et chez les Egyptiens la mère d'Apis fut fécondée par un rayon de soleil (etc.).
Certaines statues de déesses gauloises présentent une parenté avec les Vierges romanes et gothiques mais la plus ressemblante des déesses qui ont précédé Marie est peut-être Isis, parfois représentée dans un manteau bleu constellé d'étoiles, tenant son fils Horus dans ses bras. Comme Marie, Isis elle était liée à la Lune
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