Quelques femmes de Villon

Le Paris Gothique et Punk est la Cités des Arts, parce que les Toréador y ont élu domicile il y a bien longtemps. Depuis le début du Moyen Age, aucun autre clan ne peut s'y installer à demeure, et la loi de Villon, Prince tout-puissant de Paris depuis cinq cents ans, n'a jamais été transgressée.

J e vous présenterai le Primogène de Paris, uniquement composé de femmes selon le coeur de Villon, sur lesquelles il pense régner mais qui ont, en fait, le vrai pouvoir à Paris. Elles sont belles, enivrantes, talentueuses, garces ou pucelles que leur siècle n'a pas pu oublier.

François Villon, le "mauvais enfant"
Il était né François de Montcorbier, ou des Loges, à Paris fin 1431, mais sa particule n'en était pas une, indiquant seulement le lieu de naissance. D'origine humble, orphelin, il fut adopté par Guillaume de Villon et prit son nom. Il suivit à la Sorbonne des cours de la Faculté des Arts, et fut reçu maître ès arts en 1452. Il en acquit une culture mêlée et étendue. Mais alors, au lieu d'étudier, il songea à s'amuser. Il alla jusqu'au crime et tua un prêtre en 1455. Il dut quitter Paris, obtint de revenir, et accusé de nouveau, de vol cette fois, il se mit à voyager. Il composa le Lais.

Isabelle Pasdeloup, "l'Orchidée"

La courtisane née dans le Paris médiéval et sombre des premières années immortelles de Villon exerçait sur lui une étrange fascination. A la disparition de Tabitha, elle devint sa maîtresse mortelle, abreuvée de son sang, étouffée par son amour exclusif, et reçut de lui le Don Ténébreux bien des années après pour l'avoir ardemment réclamé. Il se désintéressa aussitôt d'elle, car elle avait perdu à ses yeux toute la beauté dont sa fragilité pare l'humaine.

Cependant, pour tous les autres hommes, elle n'a rien perdu de son charme énigmatique et sulfureux, et de ce fait est devenue une excellente espionne. La courtisane vêtue de brocart pourpre est toujours celle qui connaît mieux que personne les secrets de Paris, et la seule avec laquelle les Nosfératu de Notre-Dame acceptent de traiter en dehors de Villon.

Poseur à l'origine, elle a fini par se découvrir, à son grand délice, une vision accrue et un oeil d'artiste et une passion véritable pour le peintre Mucha. Telle l'une de ses Vénus idéalisée, elle se laisse conquérir par les hommes qui lui tournent toujours autour. Elle se sert de sa beauté époustouflante pour obtenir ce qu'elle veut.

Elle est pourtant, en toute circonstance, réfléchie et parfois cynique, se donnant beaucoup de mal pour paraître antipathique aux immortels, car elle n'aime pas leur compagnie; elle préfère celle des humains, plus beaux à ses yeux et sur lesquels son physique de prédatrice lui permet d'exercer sa domination. Déterminée, elle fait confiance à Villon et se méfie du reste du monde, surtout des femmes.

Marguerite de Navarre, "Margot"

Le souverain de la Renaissance française, François Ier, a été la goule de Villon pendant toute la durée de son règne, de 1515 à 1547. Il possédait une soeur...

Marie d'Angoulême, veuve de Charles IV et Duchesse d'Alençon épouse en 1527 Henri II d'Albret, roi de Navarre, et attire l'attention de Villon. Elle possède un esprit remarquable, et un goût particulier pour les Lettres et les Arts. D'ailleurs elle compose un recueil de nouvelles, l'Heptameron, à la manière de Boccace, et des poésies, les Marguerites de la marguerite des princesses. Et elle protège Clément Marot, poète au service de Villon, et celui que François Ier préfère.

Séduite par cet homme mystérieux et charmeur que le roi visite la nuit, par sa cour des Arts, c'est la reine de Navarre qui choisit Villon pour amant et non l'inverse. Ils se voient quand elle est à Paris, c'est-à-dire rarement, et donc elle ne devient jamais sa goule.

En 1530, elle a 38 ans, et Villon hésite toujours à faire de Marie un vampire. Ne perdrait-elle pas ce qui le séduit en elle, sa fragilité, sa délicatesse, comme toutes les autres dans la transformation? L'histoire ne retiendra pas les liens qui unissaient Marot à sa protectrice, ni pourquoi il désirait ardemment qu'elle devînt un vampire, mais c'est lui qui a convaincu Villon, comme il est dit dans ses ballades : "Prince, fais amie immortelle, / Et à la bien aimer entends";

Marie devient donc la reine immortelle de la Navarre, et continue de composer. D'une beauté étrange, précieuse et opaline qui ne vieillit jamais elle doit un jour quitter son rang, et en 1549, elle n'est plus. La naissance de Marguerite de Valois au sein de la famille royale de France en 1553 est une invention de Villon. Quelques années après, Marie a retrouvé sa place au palais, jeune princesse excitantes au moeurs très libres et qui ne dort jamais la nuit. Elle règne sur les Valois, famille de goules maléfiques au service de Villon. Son personnage public laisse des Mémoires et des Poésies, et épouse Henri III de Navarre, le futur Henri IV de France, qui la répudie en 1599. Dès lors Margot retrouve son rang dans chacune des cours successives de France, jusqu'à la Révolution Française, et elle place ensuite ses goules aux postes importants de l'Etat; ce sont presque toujours des hommes qu'elle aime et qui ne recevront jamais le Don Ténébreux. Observant de loin le pouvoir, elle écrit beaucoup sous des pseudonymes, et se consacre donc à ses amours humaines.

Aujourd'hui, elle écrit des romans, et il lui arrive même de faire du cinéma... De tous les Toréadors de Paris, c'est elle que l'ont voit le moins, car elle voyage. C'est aussi celle qui à l'air le plus humain, car l'aspect rose et velouté de son visage a survécu à l'étreinte.

Clémence d'Austresaints, "Paladine"

Elle a fait du combat un art à part entière, et manie plus d'armes qu'elle n'a connu de rois. Villon l'apprécie depuis qu'il la connaît, c'est-à-dire depuis qu'elle est devenue garde équestre dans le Paris de Richelieu, en se faisant passer pour un homme. A ses yeux, elle est son opposé exact, femme pieuse préférant l'action plutôt que trop de réflexion, impatiente et franche, qui aurait aimé être un homme.

Elle n'a jamais été sa compagne, sauf la nuit où il l'a prise. D'ailleurs elle préfère les femmes. Mais elle est son amie dévouée, bien que parfois traversant des "crises de foi", perdue dans ses doutes quant à son avenir dans une religion à laquelle elle croit mais où elle n'a plus sa place. Elle possède cependant la foi véritable.

Son entraînement quotidien est le ballet d'une guerrière, source d'une émotion esthétique pure. Son assurance et son charisme font d'elle l'un des vampires les plus intéressants de Paris.

Ces trois vampiresses, progéniture de Villon, siègent avec lui au Primogène de Paris. Mais est-il besoin de Préciser que leur beauté et les liens affectifs qui les relient au Prince leur permettent aisément de lui faire faire ce qu'elles veulent, d'autant plus que Villon ne pratique pas sur elles le lien du sang? La destinée véritable de Paris, ce sont ces trois Parques qui la filent.

Lucie Marvaud, "l'Ange Brisé"

Dans les années trente, cette très jeune personne était une chanteuse de cabaret plutôt douée ayant commencé par faire le commerce de ses charmes. Elle était venue d'Auvergne à la capitale pour rechercher la fortune et la gloire.

A l'époque, Isabel Pasdeloup se rendait au Café Noir pour rencontrer les artistes dont elle aime s'entourer, et c'est là que se produisait Lucie. Le cabaret était trop petit pour ces deux femmes séduisantes et ambitieuses, mais Isabel ne répondait pas ouvertement aux provocations de la jeune fille, chaque jour plus sexy et entreprenante avec les amants d'Isabel. Elle se contenta de briser sa carrière, lui faisant trancher les cordes vocales, puis lui accordant le Don plus comme un châtiment que pour préserver son talent.

Aujourd'hui, Lucie a eu le temps d'apprécier l'étendue de son supplice; elle est muette et liée à Isabel par le sang. Elle vit avec elle, sa servante pour l'éternité pour avoir voulu rivaliser avec une puissante vampiresse. Une étrange relation s'est cependant développé entre les deux immortelles, comme un amour malsain né de la haine. Elles paraissent avoir besoin l'une de l'autre, et on dit à Paris que Lucie est la seule vraie faiblesse d'Isabel.

Lucie est de 8e génération, et ses stats sont toutes inférieures de 1 à celles de son sire. Elle est très mignonne, de nature secrète et se réfugie dans la musique, le piano dont elle tire des morceaux extrêmement émouvants.

Alexandra Rivendell, Peintre des Deliria

Geneveve Orseau des Toréadors est une vampiresse redoutable. Poseur à l'origine, elle s'est forgé par la suite une réputation de critique d'art respecté, et tient actuellement la plus grande école Toréador d'art au monde, à Philadelphie. Et Orseau gardait un oeil sur Alexandra Rivendell, une ravissante étudiante américaine, dont la peinture l'émouvait, prévoyant, dans un futur proche, d'immortaliser son jeune talent. En effet, Alexandra possédait ce que les Toréadors appellent la vision, un don inné pour ressentir et représenter des sensations que théoriquement seul l'Auspex procure.

Le vampire Lestat, dont le sang Toréador n'a été identifié comme tel que longtemps après son étreinte de caitiff, est l'un des meilleurs ennemis d'Orseau au sein du clan des esthètes, et c'est par jeu, plus que par amour, qu'il a accordé le Don Ténébreux à Alexandra avant Geneveve. Pour lui, les risques encourus n'avaient pas d'importance, et d'ailleurs l'Ancienne n'a pas pu exercer sa vengeance sur lui, de peur de révéler à ses autres ennemis l'intérêt un peu trop grand qu'elle porte à la jeune femme. Elle préfère de loin qu'on croie qu'elle n'a pas de faiblesse.

Depuis 1988, Alexandra vit à Paris, car son sire l'a confiée (offerte?) au Prince Villon. On peut aussi parfois la rencontrer à Philadelphie. Elle est de 8e génération, extrêmement jolie, et n'a aucunement perdu ses goûts de luxe d'avant l'étreinte : elle a bien souvent une coupe de champagne à la main...

Tabitha-aux-longues-jambes

Le sire de François Villon n'a jamais disparu; elle est en torpeur et fait un rêve soliptique. Tabitha était une vampiresse extrêmement prétentieuse quand elle était plus jeune. Avec l'âge, elle s'est petit-à-petit détachée des réalités de ce monde pour intérioriser ses sensations. La princesse franque de laquelle Villon avait reçu le Don Ténébreux a fini par ne plus vivre que dans un mutisme permanent, et c'est le Prince de Paris lui-même qui l'a mise en torpeur, faisant courir le bruit de sa mort pour que nul ne la recherche pour boire son sang.

Sa vie intellectuelle était pourtant fort riche, mais personne n'en profitait plus. Tabitha n'avait plus conscience de rien que d'elle-même, et c'est ce que l'on appelle solipsisme. Et comme si le monde autour d'elle était sa création, Tabitha s'est mise à le rêver, et à l'adapter à son idéal esthétique et philosophique. Adepte des contrastes artistiques, elle a voulu que le monde, la toile de fond de son rêve, ne soit ni tout-à-fait noir, ni tout-à-fait blanc. Elle a rêvé la venue d'Armand, version en négatif de Villon, et les conflits qui ont suivi. Et la situation actuelle, équilibrée par l'existence de deux cours Toréadors à Paris, est son oeuvre.

Personne ne le sait, et elle-même n'en perçoit pas la gravité, persuadée qu'elle ne fait que rêver.


25/01/2006
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