Sorcières et humanisme
La persécution des sorcières culmine aux XVIe et XVIIe siècles et coïncide avec la Renaissance, la montée de l'humanisme et les débuts de l'imprimerie. Les grands penseurs humanistes ne s'élevèrent pas contre ce mouvement, à l'exception de Cornelius Agrippa qui fut attaqué pour soutien à la sorcellerie.
Mutation du phénomène
Au XVIIe les procès en sorcellerie s'épuisent, mais le phénomène se transforme. On voit apparaître des phénomènes de possession. En 1634, l'affaire des possédées de Loudun marque une étape. Dans un couvent d'Ursulines à Loudun, les sœurs affirment avoir été ensorcelées par le curé Urbain Grandier. Suite à un procès en sorcellerie demandé par Richelieu, le curé fut brûlé. Jugulée dans la société civile, l'influence de l'Église semble ne plus avoir d'autre exutoire qu'au sein de ses membres
La réhabilitation
Le premier à réhabiliter les sorcières fut Michelet qui leur consacra un livre en 1862 . Il voulut ce livre comme un « hymne à la femme, bienfaisante et victime ». Mais il ne leur reconnaît pas véritablement le droit à l'émancipation. Il faut attendre les mouvements féministes des années 70 pour voir apparaître le thème sous un jour positif. Les représentantes de ces mouvements s'en sont emparé et l'ont revendiqué comme symbole de leur combat. On notera par exemple la revue Sorcières de Xavière Gauthier, qui étudiait les « pratiques subversives des femmes ».
Anecdote
Une loi anglaise de 1677 condamnait au bûcher les météorologues, taxés de sorcellerie. Mais la loi n'a pas toujours été appliquée à la lettre : le capitaine Stagg était le météorologue qui prévit une accalmie pour le débarquement de Normandie , le matin du 6 juin 1944 . La loi ne fut qu'abrogée en 1959.
analyse féministe
Insiste beaucoup sur les aspect anti-féministes de la chasse au sorcières : liberté et choix sexuel (position), autonomie économique, De la sorcellerie, il y en a toujours eu. Même au temps des hommes préhistoriques, on pratiquait des rituels pour invoquer les Dieux. Toutefois, on ne parlait pas encore de sorcières. «Bien que les sorcières aient commencé à faire parler d’elles au milieu du XVe siècle, c’est entre 1580 et 1630 que la chasse aux sorcières atteignit son paroxysme» À la renaissance, la chasse aux sorcières touchait à sa fin et l’esprit scientifique était, lui, en plein essor. Pour les esprits rationnels, cette affaire de sorcières n’était que le fruit d’une société superstitieuse. Pour ceux pour qui la raison dominait, cette peur des superstitions était des plus stupides et quand les gens arrêtaient de croire en de telles choses, l’on verrait un progrès de l’humanité. Les philosophes du siècle des Lumières croyaient que de tels événements ne se reproduiraient plus jamais, et ce, bien avant que la chasse aux sorcières soit complètement terminée.
«C’est cent ans plus tard, au milieu du XIXe siècle, cette confiance dans un monde meilleur ne déclinait pas encore, mais beaucoup commençaient à douter du rationalisme et de la science.» Les Romantiques de l’époque prônaient l’imaginaire et non la philosophie de Voltaire, Newton ou Locke. Ils furent fascinés par tout ce qui à trait à la sorcellerie. Pour eux, ces femmes qui avaient été jugé folles par les philosophes des Lumières, étaient porteuses de messages, d’anciennes croyances. Elles «devenaient des visionnaires, des oracles, de glorieuses femmes fatales, victimes des forces obscures, de la pudibonderie et de l’oppression.» C’est ainsi que les Romantiques donnèrent une nouvelle image aux sorcières, celle que nous connaissons aujourd’hui. Par la suite, les mouvements d’émancipation des femmes transformèrent les sorcières en sœurs des féministes