Au purgatoire des idées reçues
1 La sorcellerie touche essentiellement les milieux pauvres.
Faux. A la Renaissance, les pratiques de magie noire se développent avec force à la cour de France aussi. On recense de nombreux cas d'envoûtements sous le règne des Valois. Catherine de Médicis en serait l'instigatrice après avoir été initiée à Florence à l'art des poisons. Parmi ses victimes : le prince de Condé, l'amiral de Coligny et son frère d'Andelot qu'elle soupçonne d'exercer une mauvaise influence sur son fils Charles IX.
2 L'Inquisition n'a pourchassé que les hérétiques.
Faux . En 1326-1327, le pape Jean XXII publie la bulle Super illius specula qui reconnaît l'existence de la magie comme une menace pour l'Eglise et qui, en conséquence, donne toute latitude à l'Inquisition pour chasser les sorciers et les sorcières au même titre que les hérétiques.
3 Eve est la première tentatrice de l'Humanité.
Faux . Dans la Genèse, Eve est présentée comme celle qui, séduite par le serpent, incarnation du Mal, aurait entraîné Adam dans sa chute. Le Livre d'Isaïe et des récits de la tradition juive prétendent qu'Adam se serait d'abord lié à une autre femme, Lilith, qui, sombrant dans la perversion, aurait quitté l'Eden sous la forme d'un démon femelle. Jalouse de la descendance d'Eve qui lui a succédé, Lilith aurait cherché à faire périr les nouveau-nés.
4 Le docteur Faust est un personnage de fiction.
Faux . En 1587, paraît un ouvrage apocryphe, Histoire du docteur Johann Faust, très célèbre magicien... Celui qui s'autodésignait « prince des nécromants » a bel et bien existé. Georg ou Jörg Faust est né en 1480 et est mort en 1540. Ses tristes exploits sont connus de son vivant. Le conseil de Nuremberg interdit l'entrée dans la ville en 1532 au « docteur Faust, grand sodomite et nécromant ». Knittlingen, la ville où il est né, a ouvert le Faust Museum.
5 L'Eglise catholique d'aujourd'hui n'utilise pas le mot "possession".
Vrai. Le nouveau rituel officiel de l'exorcisme n'évoque pas le terme « possession » et lui préfère celui d'« obsession ». Le diable - figure mythique - permet à l'homme de trouver un responsable à tous ses malheurs. L'Eglise catholique disqualifie le « démon » par la prière, l'évangélisation et les sacrements.
6 Les Français croient encore au diable.
Vrai . Un sondage CSA/ La Vie / Le Monde réalisé en mars 2003 sur les croyances des Français révèle qu'ils sont 27 % à croire au diable, 25 % à l'enfer et 21 % à la sorcellerie et aux envoûtements. Face à cette clientèle potentielle, les travailleurs du paranormal seraient au nombre de 70 000 en France.
7 Même les saints ont été tentés par le diable.
Vrai . L'iconographie religieuse témoigne de l'emprise diabolique à laquelle ont dû faire face plusieurs saints. A l'exemple d'Augustin qui résiste au Livre des Vices, de Théophile qui passe un pacte avec le diable avant de s'en repentir ou de Michel qui parvient à le terrasser.
8 Le chat noir est perçu comme une incarnation du diable.
Vrai . Le Malin aime à se glisser dans la peau d'animaux sauvages ou familiers (vers, crapauds, chiens, loups ou renards). Il nourrit une affection toute particulière pour les animaux de couleur noire qui rappellent celle de son âme. D'où la superstition propre au chat noir qu'il ne fait pas bon croiser sur son chemin.
9 Le terme "sabbat" a pour origine le jour de repos des juifs.
Faux. Cérémonie rituelle, singeant la messe catholique, attestée dès le XIVe siècle, le sabbat se tient généralement le vendredi. Il n'a rien à voir avec le shabbat juif et tire son origine des vaudois, secte hérétique condamnée par l'Eglise au XIIe siècle, dont les adeptes portaient des sabots, les sabats .
10 Le démon est forcément mauvais.
Faux . Dans les textes de l'Ancien Testament, Satan est un ange au service de Dieu dont la fonction est celle de procureur auprès du tribunal céleste. Dans la mythologie antique, les démons sont des esprits intermédiaires entre les dieux et les hommes. Ces génies peuvent être soit bons soit mauvais. Le philosophe grec Socrate (Ve siècle avant notre ère) possédait un démon familier qui lui dictait sa conduite.
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