Carnac
Autour du golfe du Morbihan se dresse le plus fantastique alignement mégalithique du monde. 3 000 pierres encore debout sur près de 10000 qui formaient l'ensemble originel, le temps et les hommes en ayant détruit le plus grand nombre. Le village de Carnac est un lieu sans équivalent. Son nom signifie lieu des camps, carra étant un mot celtique désignant un amoncellement de pierres.
Les alignements de Carnac sont formés de menhirs isolés, mais aussi de tumulus de pierres plates, de dolmens, de cromlechs, c'est à dire de monuments en forme de cercle. L'ensemble s'étendait sur 8 kilomètres, dans un alignement joignant Sainte-Barbe à la rivière de Crach : il en subsiste aujourd'hui une portion de 3 kilomètres.
On peut encore distinguer trois alignements nettement dessinés: un cromlech en demi-cercle ouvre celui de Ménec, au nord du village de Carnac. Là, répartis sur 11 rangées s'élèvent 1169 menhirs, d'une hauteur variable de 1 à 4 mètres. L'alignement de Ménec fait 1170 mètres de long.
300 mètres plus loin, celui de Kermario comprend 10 rangées pour un total de 1029 menhirs, courant sur 1120 mètres. Leur hauteur s'élève jusqu'à 7 mètres. Le troisième alignement, celui de Kerlescan, se trouve 400 mètres plus loin. 13 files de 880 mètres de long regroupent 594 menhirs, hauts de 4 mètres.
Il est précédé d'un cromlech en demicercle. Le site de Carnac montre encore le grand tumulus de SaintMichel, long de 120 mètres et haut de 12, à l'intérieur duquel se trouvent plusieurs chambres funéraires. La datation des pierres est assez délicate, car il faut se méfier de l'érosion et des ajouts postérieurs comme les sculptures, dont il est difficile de dire si elles sont l'oeuvre du peuple qui a érigé les menhirs, ou de leurs successeurs.
On estime toutefois qué les monuments de Carnac ont été élevés par plusieurs générations, qui se sont succédé entre le ive et le lue millénaire avant notre ère. Quelles étaient les raisons de ces dispositions ?
Menhirs et dolmens avaient en tout cas des fonctions différentes. Le dolmen est une sépulture. On trouve presque systématiquement des tombes creusées à ses pieds. Le menhir est un édifice commémoratif ou votif.
À la fin du xtxe, on remarquera les correspondances entre les structures des ensembles mégalithiques et les positions du soleil à certaines périodes de l'année. Dans les alignements, les menhirs sont placés par ordre décroissant et chaque série forme un angle précis avec la précédente. Les théories relatives à une utilisation calendaire et astronomique sont renforcées par le fait que de nombreux menhirs isolés sont percés d'un trou, quia pu être un repère de visée.
Orientés vers le lever de soleil à l'équinoxe et au solstice d'été, les menhirs pourraient avoir servi à la fois de repères pour les cycles agricoles, et d'observatoire céleste. Partant du constat que les calendriers primitifs sont semi-lunaires, le professeur A. Thom a même (presque) démontré que Carnac serait un observatoire du satellite terrestre.
Le grand menhir de Locmariaquer en apporte un début de preuve. Haut de 23 mètres, il serait l'élément central d'un grand dispositif destiné à prévoir les éclipses, ce qui n'a rien d'impossible, étant donné l'exceptionnelle clarté du ciel breton par beau temps. Plusieurs menhirs, éloignés de 10 à 15 kilomètres forment des points d'axe pour l'observateur. Ces menhirs, comme celui de Quiberon, se trouvent en tout cas correspondre, par leur emplacement, à des phases lunaires précises. L'ensemble du système constituerait ainsi un instrument d'observation étalé sur plusieurs kilomètres.