ENOC: Cathédrale de Chartres.

Premier tour de marelle dans le vaisseau de pierre, dédale dans le labyrinthe. Quelques personnes stationnent devant  la chapelle de la Vierge Noire, mélange de touristes, de férus d'architecture, ou de dévotion.

 L'ENOC arrive doucement, les picotements m'envahissent, fixent mon  regard sur la symbolique petite statue. Pas d'autre choix que de tourner la tête vers cette dame qui sourit. Allure BCBG catho, la soixantaine illustre son visage en fines rides de bonté et d'intelligence.
 

L'ENOC s'amplifie. La statue devient  virtuellement lumineuse, un éclair invisible d'énergie zèbre le petit groupe. Je soupire, m'ébroue, émet un grognement. Ouahou, trop fort…. Youh. La dame me regarde, ses yeux grands ouverts en smiley d'étonnement…je pousse l'ENOC de ma poitrine vers elle en interrogation partage : Avons nous vécu la même chose (en fait, je me suis montré un brin plus familier, du style : t'as vu ça ).

Les autres humains indifférents repartent  à la découverte du chœur ou de l'abside. Envoûtés sous les voûtes, nous restons encore en secondes d'hébétudes. La réalité ordinaire revient avec ses règles sociales : vais-je oser parler à cette inconnue ? La pudeur et la timidité me détournent vers le déambulatoire. Je descends par le bas coté droit et remonte la nef centrale jusque la ligne noire en forme de cerveau.

Du coin de l'œil, j'ai vu la dame disparaître vers la sortie. Je reste longtemps sur la fleur centrale du labyrinthe. Mon corps saturé d'ENOCs réclame maintenant du mouvement. En route vers la boutique librairie-souvenirs. La dame quitte la caisse, passe derrière moi sans me voir…

L'air frais encore matinal me ragaillardit, j'ai faim et soif. Manifestations fréquentes après un ENOC. Manière de stocker l'énergie dans le tube digestif, comme une hostie et un vin symbolique ? Ou restructuration des fonctions corporelles ? 

Les rues de la vielle ville s'ébrouent dans le rire des garçons de café, de bonjours météo des habitants du quartier. J'erre sous les colombages de demeures centenaires, en quête d'une boulangerie et de son odeur bonheur. Je marche beaucoup, ah ! En voici une, pleine de monde. J'ouvre la porte à la femme chargée d'un sachet blanc orné d'un mitron bleu savourant un croissant. Nos regards encore une fois se croisent…

En savourant la caféine agrémentée d'une pâtisserie, je m'interroge, sur cet interdit silencieux  de l'ECO censeur de cet ineffable moment d'ENOC. Alliance d'un lieu et de deux êtres  fugitivement liés à jamais inconnus.

Franck



19/02/2006
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