Hadewijch

puisqu'on les a souvent confondues et que leurs doctrines furent très proches. Retenons de la première, prénommée Heilwige (née vers 1250, morte en 1335) son étonnant concept d' "amour séraphique". Son ennemi, le mystique Jean Ruysbroek, dit ceci : "Il y avait à Bruxelles (...) une femme de croyance perverse (...) Elle avait beaucoup écrit sur l'esprit de liberté et sur le très infâme amour charnel, qu'elle appelait amour séraphique".

"Bloemardinne, dit Raoul Vaneigem, a connu l'exceptionnel privilège de vivre publiquement en autodéification sans que l'Inquisition, impuissante, la puisse condamner, si ce n'est par le biais de Ruysbroek et par la destruction de ses écrits." Pourquoi l'impuissance de l'Inquisition ? C'est que, d'une part, Bloemardinne appartenait à une famille très influente et très riche, d'autre part, qu'elle était extrêmement populaire - à ce point que son ennemi dut fuir Bruxelles sous cette pression. C'est dire la force de l'implantation du Libre-Esprit en ce lieu et à cette époque, représentant sans doute les irréductibles aspirations hédonistes du plus grand nombre. Tant mieux pour Bloemardinne ! D'autres n'auront pas autant de chance, et l'Inquisition profitera de tous leurs points de faiblesse.

Vaneigem note aussi qu'à cette époque, le pire est moins de dire "Dieu n'existe pas", que de dire "je suis Dieu". Malgré la destruction de son oeuvre, c'est encore Bloemardinne qui a inspiré les "Hommes de l'intelligence", un siècle plus tard, montrant que les idées continuent de circuler, malgré la destruction des textes dans les autodafés...

Hadewijch a précédé Bloemardinne d'un demi-siècle, environ. On trouve chez elle un autre genre de filiation, tradition ou transmission : celle de la poésie des troubadours, car c'est une poète dont on possède des textes : poèmes d'inspiration courtoise, lettres et récits de visions extatiques


26/01/2006
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