l'hellébore des anciens
C'est une haute plante atteignant souvent 1 m, aux grandes feuilles entières, ovales pointues, plissées et nervurées longitudinalement, odorantes. celles ci sont alternes, ce qui les différencie de celles de la grande gentiane, non toxique et dont les feuilles sont opposées.
La hampe florale solitaire forme un épi terminal de nombreuses petites fleurs blanc verdâtre.
Vérâtre blanc, veratrum album, Linné, famille des Mélanthiacées
L'hellébore des Anciens illustre notre difficulté à interpréter les anciens textes médico botaniques. Ceux ci distinguent en effet l'hellébore noire et l'hellébore blanc, qui sont pourtant deux espèces totalement différentes. Toutes deux sont toxiques, l'hellébore blanc plus encore que le noir : 1 à 2 gr de sa racine pulvérisée suffisent pour tuer un homme.
Un éternuement salutaire
Cette racine fournissait encore récemment l'ingrédient d'une poudre à éternuer, dont l'usage fut attesté dès le XIIe siècle: " Contre la léthargie et l'épilepsie, obliger le malade à éternuer en lui mettant un peu de poudre d'hellébore dans le nez ou en tenant devant son nez, quelques instants, un petit tissu rempli de cette poudre. " Pour tempérer son poison,, tout en bénéficiant de ses bienfaits, on creusait un trou dans du fenouil et du raifort (laissés en terre), on y plaçait de la racine de vérâtre, et on attendait " trente ou quarante jours afin que les vertus de l'hellébore soient incorporées et retenues par les racines de raifort et de fenouil" (Platearius)
Pour piéger rongeurs et oiseaux
Mais c'est surtout comme appât empoisonné que le vérâtre fut utilisé. Sa racine, râpée et mélangée à quelque nourriture, tuait rats et souris. Et pour prendre des oiseaux, le Grand Albert préconisait de " faire tremper, dans de bonne eau de vie, le grain qui sert de nourriture aux oiseaux, avec un peu d'hellébore blanc, ceux qui mangeront de ces grains seront subitement étourdis, en sorte qu'on les pourra prendre à la main ".