Les états modifiés de la conscience
Par Philippe Wallon, psychiatre
Philippe Wallon est médecin, psychiatre et Chargé de recherche à l'INSERM. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont « Le paranormal » (col. Que sais-je ?) et « Expliquer le paranormal » qui étudient les états modifiés de conscience. Il nous livre ici un aperçu des réflexions auxquelles il est parvenu.
Une définition des « états modifiés de conscience » pour le psychiatre :
Pour le psychiatre, le psychologue et le médecin en général, la conscience est « modifiée » dès lors qu'elle n'est plus entièrement claire, comme dans le sommeil ou même l'état méditatif. Son altération la plus complète est bien entendu le coma, dont le stade le plus profond ou « IV » est constitué d'un état proche de la mort, puisqu'il autorise le prélèvement d'organe, dans certaines conditions précisées par la loi.
Tous ces états sont, en règle générale, précisés par l'électro-encéphalogramme (ou EEG). Un certains nombres d'ondes sont identifiées, le niveau « bêta » concernant l'état habituel, le niveau « alpha » concernant l'état méditatif, les niveaux « téta » et « delta » correspondant spécifiquement au sommeil. Le ralentissement de ces ondes peut aller jusqu'au tracé dit « plat », qui définit l'état de « mort cérébrale », mais qui peut aussi faire suite à certaines intoxications comme celles occasionnées par les barbituriques.
Les altérations de la conscience les plus spectaculaires sont celles liées à la transe ou à l'état « hypnotique ». Un sujet peut être amené dans un état qui n'a aucun rapport avec le sommeil malgré l'apparence : la volonté n'intervient plus, le sujet est susceptible de répondre à toutes les injonctions de l'hypnotiseur, aussi déplacées soient elles.
Le somnambulisme, défini par Mesmer et ses continuateurs, est un état encore plus particulier en ceci que le sujet ne paraît plus dans un état de conscience amoindrie comme dans l'état hypnotique mais dans un état d'hypervigilance, qui n'est cependant pas connectée à la volonté et à la conscience habituelle.
Outre ces causes d'origine psychologique, les altérations de la conscience peuvent être liées à un toxique (prise d'alcool, de haschich ainsi que de toute drogue dite hallucinogène) ou à une maladie.
Outre les altérations liées à des crises, comme l'épilepsie, toute maladie grave est susceptible d'entraîner une altération de la conscience, par le biais de la fièvre, mais aussi et surtout par la diminution du volume sanguin, qui n'est plus à même d'assurer une fonction cérébrale normale.
l'approche des plans profonds du Moi se traduirait par des facultés dites « paranormales » de « pouvoir » ou de « savoir » d'une étendue sans rapport avec nos facultés habituelles. L'intérêt de ce modèle est qu'il est interprétable en termes psychanalytiques, une logique occidentale et bien connue du psychiatre.
Nous savons que l'activité mentale est bien plus large que la conscience. Mais cette activité est difficile d'accès, au point que nous l'appelons « inconscient » car nous ne savons pas réellement ce dont elle est composée.
Freud a mis l'accent sur le refoulement pour expliquer que nous ne puissions pas nous remémorer ces contenus. Jung, un peu plus tard, a parlé d'Inconscient culturel et d'Inconscient collectif, pour théoriser ce qu'il avait remarqué : certaines personnes avaient accès à des mythes qui n'appartenaient pas à notre culture, d'autres pouvaient avoir connaissance de contenus psychiques d'autres personnes (ce que nous nommons télépathie, voyance...). Étendons un peu ces idées : nous avons la conception du Mental.
une nouvelle conception de l'être et de ses rapports avec l'extérieur, la nature et les autres humains. Certes, le Mental n'est qu'un cadre de réflexion, mais son ancienneté et son universalité pourrait être un gage de sérieux.